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LES YOUNG MOROCCAN ARCHITECTURE AWARDS (YMAA) SONT DE RETOUR POUR RÉCOMPENSER LA CRÉATIVITÉ DES JEUNES ARCHITECTES MAROCAINS.

LES YOUNG MOROCCAN ARCHITECTURE AWARDS (YMAA) SONT DE RETOUR POUR RÉCOMPENSER LA CRÉATIVITÉ DES JEUNES ARCHITECTES MAROCAINS. 1920 1080 YMAA

Casablanca le 18 avril 2022 – C’est le grand retour des Young Morroccan Architecture Awards ! Annulée à cause de la pandémie de la COVID 19 et de la situation sanitaire qui en résultait, la première édition des YMAA, prévue en 2020, n’a malheureusement pas pu voir le jour. Aujourd’hui, et après deux années de travail et de recherche, le Groupe Archimedia annonce une nouvelle « première » édition, pleine de surprises, de nouveautés, et de rebondissements, les YMAA 2022.

Une première, dans le continent africain et dans la région MENA, les YMAA font partie de ces évènements marquants de l’architecture marocaine à portée internationale.

A l’aube du 21ème siècle, la pratique architecturale au Maroc est en train de connaître un tournant décisif. Une frange de plus en plus importante de la population fait appel aux services des architectes que ce soit pour la conception de leur domicile privé, le siège de leur société ou encore pour l’aménagement de leurs commerces ou de leur cabinet médical.

Plus que jamais, les architectes sont aux premières loges pour intéresser les chalands à fréquenter les centres commerciaux, les touristes à passer leurs vacances dans les hôtels et autres resorts, les gourmets à fréquenter des restaurants où le confort et l’esthétique sont aussi importants que la gastronomie, les investisseurs à rénover les édifices patrimoniaux…etc.

Par ailleurs l’ouverture de nouvelles écoles publiques et privées nationales d’architecture a été suivie par un engouement vers cette carrière et une meilleure reconnaissance de ce métier auprès de la population.

Conséquence : la typologie de la population des architectes connaît actuellement un changement notable avec une diminution de l’âge moyen des praticiens puisque, chaque année, des centaines de jeunes lauréats intègrent le marché du travail.

Aujourd’hui, il est nécessaire d’honorer ces praticiens, de stimuler leur créativité, de reconnaître les particularités et centres d’intérêt de chacun d’eux, mais également de donner aux plus talentueux la reconnaissance nationale et internationale qu’ils méritent.

C’est pourquoi le groupe Archimedia, fort de ses vingt ans d’expérience et d’engagement permanent envers les architectes, a décidé de lancer les Young Moroccan Architecture Awards, YMAA afin de reconnaître l’excellence des pratiques architecturales au Maroc.

La fête de la créativité est lancée, elle permettra à des centaines de jeunes architectes de moins de 45 ans de faire connaitre à un large public, via les médias nationaux et internationaux, les projets innovants qu’ils ont conçus, intéresser de nouveaux clients et marquer ainsi les tendances.

Ainsi les architectes les plus méritants recevront des Awards et distinctions, dans une trentaine de catégories. Deux prix récompenseront les PFE des étudiants marocains en fin de cursus universitaire dans les écoles architecture nationales comme étrangères.

Le jury présidé par un architecte de renom, Taoufik El Oufir, sera composé d’éminents autres professionnels aussi bien du Maroc que d’Italie ou de France. Christian de Portzamparc, architecte du grand théâtre de Casablanca sera l’invité d’honneur de ce jury.

Les inscriptions sont désormais ouvertes jusqu’au 18 mai 2022 sur le site internet www.ymaa.ma/inscription  


Interview avec Anas El Bouyousfi, Directeur général de ISOLBOX

Interview avec Anas El Bouyousfi, Directeur général de ISOLBOX 1200 800 YMAA
  • En tant que sponsor de cet évènement que représente pour vous la 1ère édition des Young Moroccan Architecture Awards ? 

Nous sommes aussi passé par cette phase de démarrage et nous en connaissons parfaitement les difficultés et les challenges ! C’est pour cela qu’il a été naturel pour ISOLBOX d’accompagner cette excellente initiative que sont les YMAA, d’être aux côtés de nos jeunes et prometteurs architectes pour célébrer leur sacre et d’en être aussi, un des catalyseurs. 

 » C’est une génération talentueuse et extrêmement ambitieuse et dont le rayonnement dépasse déjà nos frontières « 

Anas El Bouyousfi
  • Comment définiriez vous l’architecture contemporaine au Maroc ?

L’architecture contemporaine marocaine s’appuie sur la volonté de concevoir un Maroc moderne, fier de son multiculturalisme et ouvert à un environnement international. Ce type d’architecture est innovant, dans le sens où il rompt avec les manières de penser similaires et entreprend de construire différemment de ce qui se pratiquait auparavant. Il s’agit d’une évolution majeure de notre secteur.

Que pensez-vous de la nouvelle et jeune génération d’architectes marocains ?

Ce sont globalement des jeunes architectes très engagés, qui ne se contentent pas de concevoir un bâtiment techniquement parfait mais souhaitent également trouver des alternatives à la conjoncture actuelle à travers des démarches écoresponsables et innovantes. C’est une génération talentueuse et extrêmement ambitieuse et dont le rayonnement dépasse déjà nos frontières


Entretien avec Saad Dalil, Directeur commercial et Marketing Ciments

Entretien avec Saad Dalil, Directeur commercial et Marketing Ciments 794 524 YMAA

Pourquoi avoir participé aux YMAA, Young Moroccan Architecture Awards ?
Il s’agissait même d’une évidence pour LHM, leader des matériaux de construction au Maroc. En tant que Leader des matériaux de construction au Maroc, LafargeHolcim Maroc  participe à la modernisation du secteur de la construction et l’essor économique du Royaume. Nous voulons être le partenaire de référence contribuant de façon significative au développement national, par notre  capacité d’innovation et les savoir-faire apportés au secteur de la construction au Maroc. Notre stratégie repose sur les principes fondamentaux d’une croissance durable, à l’écoute des évolutions de la société, et respectueuse de l’environnement et de toutes les parties prenantes. Le Young Moroccan Architecture Awards est une opportunité pour encourager les jeunes architectes .

Pensez-vous que l’architecture au Maroc apporte un sang nouveau ?  
Les architectes sont des acteurs essentiels au cœur du monde de la construction. Que ce soit dans le cadre de l’urbanisation des villes, du développement durable ou des ouvrages d’arts et d’infrastructures, l’architecte doit penser et construire aujourd’hui pour mieux vivre demain, intégrer les réalités économiques, sociétales et temporelles des projets. Cet architecte doit être à la fois artiste, équilibriste, parfois même magicien pour proposer et concevoir des bâtiments écoresponsables, des ouvrages de couleurs et de formes quasi- infinies où les seules limites sont celles de l’imagination.

Les bétons esthétiques ont donc toujours le vent en poupe

Saad Dalil

Ne dit-on pas d’un pays que son dynamisme se mesure au reflet de sa jeunesse ? Cela prend encore plus de sens au Maroc au regard de l’ambition de notre pays et des enjeux à venir. Donc oui l’architecture au Maroc apporte une ouverture sur le monde en cours de construction.

Pensez-vous que le béton à usage esthétique a toujours le vent en poupe ?
L’histoire de l’architecture moderne est indissociable de celle du béton. Ce concours est une excellente occasion de mettre en évidence les performances particulières de ce matériau, de faciliter le dialogue entre les équipes de conception et de favoriser le développement d’une réflexion architecturale innovante. L’utilisation du béton esthétique est de par nature associée étroitement au paysage, au contexte et à l’histoire des sites.

Pour preuve, quelques projets réalisés par l’Activité Béton de LafargeHolcim Maroc tels que le Pont à Haubans de Sidi Maarouf dont l’intégration architecturale au sein du paysage urbain de Casablanca s’est appuyée sur des bétons répondant à la fois aux contraintes techniques de robustesse et à une demande d’aspect lisse après décoffrage de l’ensemble des parties visibles de l’ouvrage. Pour les finitions, du béton matricé à engravures aux motifs esthétiques prédéfinis a été mis en œuvre, visibles et palpables par le piéton et l’automobiliste.

L’Université Polytechnique Mohammed VI de Benguerir, quant à elle, a exigé un béton blanc et lisse pour les gradins de son amphithéâtre, et de haute performance afin de s’aligner avec l’exigence esthétique du degré d’inclinaison des gradins. Il en a résulté un ouvrage aux caractéristiques architecturales parfaitement adaptées à une mise en valeur variée, par des jeux de reflets et de lumière, anoblissant davantage le lieu.

Aussi, c’est notamment grâce à des bétons haute performance, pouvant aller jusqu’à 70 MPa que l’architecte peut laisser vagabonder son imagination, quitte à défier les lois de la gravitation. La Tour Casablanca Finance City, dont l’édifice émergeant en forme de prisme complexe a été rendu possible grâce aux qualités techniques des bétons (résistance, rapidité du décoffrage), en est le parfait exemple.

Enfin, les bétons décoratifs d’aménagement extérieurs sont toujours plébiscités, comme en témoignent les bétons mis en œuvre au niveau des plateformes, carrefours et passages piétons de projets comme l’Extension de la Ligne 2 du Tramway Rabat-Salé (65 000 m2 sur un linéaire de 7km).

Les bétons esthétiques ont donc toujours le vent en poupe. Ils répondent aux enjeux de croissance de l’urbanisation, de densité des populations, de verticalité des habitats, de tertiarisation de l’économie et de flexibilité des types de mobilités devenus nécessaires, tout en y insérant une note artistique nécessaire à la vie en société. On peut s’attendre à ce que les innovations techniques relatives au béton soient de plus en plus poussées, aussi bien dans le domaine esthétique, que celui de l’éco-responsabilité d’ailleurs.

Propos recueillis par La rédaction

Merouane Zouaoui, architecte : « Il est primordial d’encourager ce type d’initiatives pour qu’elle se perpétue.»

Merouane Zouaoui, architecte : « Il est primordial d’encourager ce type d’initiatives pour qu’elle se perpétue.» 706 518 YMAA

Que pensez-vous des Young Moroccan Architecture Awards (YMAA) ?
Au même titre que les Nouveaux albums des jeunes architectes en France (NAJA), les YMAA s’inscrivent dans cette démarche de mise en valeur des jeunes architectes.
Il est important que cette compétition se tienne à des intervalles réguliers et devienne la référence de la distinction d’un jeune architecte. Cela contribuera à l’émulation des jeunes architectes et nivellera vers le haut la qualité architecturale de notre pays. 

Les jeunes architectes marocains ont-ils besoin de cette reconnaissance ?
Je pense que nous avons un besoin crucial de plateformes marocaines reconnues nous permettant de confronter notre travail au regard des professionnels du domaine et de créer une émulation autours de nos projets. Bien que la légitimité d’un architecte ne se résume pas aux récompenses, je le vois comme un effort collectif pour promouvoir l’architecture et ses talents au Maroc.

Au même titre que les Nouveaux albums des jeunes architectes en France (NAJA), les YMAA s’inscrivent dans cette démarche de mise en valeur des jeunes architectes.
Il est important que cette compétition se tienne à des intervalles réguliers et devienne la référence de la distinction d’un jeune architecte. Cela contribuera à l’émulation des jeunes architectes et nivellera vers le haut la qualité architecturale de notre pays. 

Avez-vous participé à cette compétition ? Sur combien de catégories ?
Oui, j’ai tenu à participer aux YMAA pour plusieurs raisons. Nous nous plaignons souvent que rien n’est organisé en faveur des jeunes de notre profession. Il est primordial d’encourager ce type d’initiatives pour qu’elle se perpétue.

Notre cabinet participe à travers plusieurs catégories, car nous avons eu la chance de livrer plusieurs projets ces deux dernières années ; et que cette compétition peut être un coup de projecteur pour nos œuvres.
Dans ce cadre-là je souhaite voir un maximum de participants et de projets pour nous enrichir du savoir-faire de chacun.

Cette compétition devra surtout être l’occasion d’être une photographie de ce produisent les jeunes architectes marocains en 2020. L’occasion de s’encourager, de se soutenir et de GAGNER ! 

Propos recueillis par La rédaction

Pour plus d’informations sur les Young Moroccan Architecture Awards, rendez-vous sur : www.ymaa.ma

Tarik Zoubdi, architecte : « Il est temps que les jeunes architectes marocains soient des « prophètes » dans leur propre pays »

Tarik Zoubdi, architecte : « Il est temps que les jeunes architectes marocains soient des « prophètes » dans leur propre pays » 1075 935 YMAA

Que pensez-vous des Young Moroccan Architecture Awards (YMAA) ?
Tarik Zoubdi : « C’est une très belle initiative attendue depuis plusieurs années par beaucoup de confrères. La scène architecturale marocaine connaît un grand renouveau. Des opportunités du genre des YMAA permettent d’attirer les regards du grand public, et d’ouvrir les yeux des maitres d’ouvrage sur le travail des architectes les plus prometteurs. En Europe, cela aurait été un réflexe naturel d’une institution publique chargée de la culture par exemple.  Ça ne peut qu’être bénéfique pour la qualité architecturale dans notre pays ».

Les jeunes architectes marocains ont-ils besoin de cette reconnaissance ?
T.Z : « La création architecturale marocaine commence à faire entendre sa voix dans le monde entier, grâce à une nouvelle génération d’architectes qui ambitionnent d’exporter leur savoir-faire au-delà des frontières du Maroc. Il est temps que les jeunes architectes marocains soient des « prophètes » dans leur propre pays ».

Avez-vous participé à cette compétition ? Sur combien de catégories ?
T.Z : « Oui bien sûr qu’on y participe, ce n’est pas une occasion à rater. On s’est porté candidat sur deux catégories. On espère sincèrement que notre projet plaise au jury et au grand public ».

Propos recueillis par La Rédaction

Pour plus d’informations sur les Young Moroccan Architecture Awards, rendez-vous sur : www.ymaa.ma

4 questions à Ghita Skalli, architecte urbaniste, enseignante à l’École d’Architecture de Casablanca (EAC)

4 questions à Ghita Skalli, architecte urbaniste, enseignante à l’École d’Architecture de Casablanca (EAC) 1022 1152 YMAA

Que vous suggèrent les Young Moroccan Architecture Awards (YMAA) ?
Ghita Skalli : La promesse du mérite, le permis de rêver.

Pensez-vous qu’il y a aujourd’hui une avant-garde architecturale ?
GS : Il y en a toujours eu une, la question est de savoir si elle s’exprimait? Les YMAA œuvrent dans ce sens. C’est un jalon important. 

De quoi se distinguent ces jeunes de leurs ainés ?
GS : Le culte de l’image et du succès rapide sont les épouvantails qu’on agite souvent. Mais au-delà, il y a un champ de maîtrise technologique, libérée des complexes que leurs aînés traînent parfois. Lorsque cela s’accompagne d’une créativité généreuse et d’une curiosité avide, les résultats sont percutants !

Est -t-elle dans la mouvance mondiale ou trace-t-elle son propre sillon ?
GS : Les derniers mois ont mis en évidence à quel point, face au même virus, chaque population agit de manière singulière. C’est un paradigme qui s’écroule, qui allait en sens unique. La mouvance mondiale fait de la place au libre arbitre. C’est le moment de nous réapproprier nos rêves. 

Propos recueillis par La Rédaction

Pour plus d’informations sur les Young Moroccan Architecture Awards, rendez-vous sur : www.ymaa.ma

Interview avec Christian De Portzamparc, Architecte, Jury d’honneur des YMAA

Interview avec Christian De Portzamparc, Architecte, Jury d’honneur des YMAA 983 822 YMAA

Entretien exclusif avec Christian de Portzamparc, architecte de renommée internationale Jury d’honneur des Young Moroccan Architecture Awards. Dans cette interview, il partage sa vision architecturale, son expérience au sein du jury, et ses réflexions sur les tendances actuelles dans le domaine de l’architecture.


Que vous suggèrent les YMAA, Young Moroccan Architecture Awards ? Pouvez vous faire un parallèle avec les premiers prix que vous avez connus et reçus en France ?
Christian De Portzamparc : « En 1968, le prix de Rome fut aboli. Or, les candidats primés devenaient ipso facto les architectes des commandes publiques. Comment alors choisir ces architectes ? L’état sous l’impulsion de Robert Lion édicta alors une obligation de concours et inventa le PAN[1] qui est aujourd’hui l’équivalent des albums de la jeune architecture. 

Cette possibilité pour un architecte de se tester de se confronter à un programme, un site, de comparer sa propre réponse à celle des autres est un des moyens d’entrer dans la pratique professionnelle.

En 1974, je répondis à un concours du PAN et je fus un des lauréats. Ce programme du Ministère de l’Équipement suivait « la politique des modèles ». Il devait sélectionner des projets de bâtiments types, susceptibles d’être reproduits partout (modèle pour familles, pour personnes âgées, modèle d’école, etc.), des projets sans site particulier, « sans lieux ». Or, mon projet (une reprise du projet que j’avais proposé au concours de La Roquette que je le présentais comme une pièce d’architecture avec un jardin public à inscrire dans un quartier), n’était pas un modèle d’objet universel mais un prototype d’espace urbain.

Dans ces années 70, on passait en France à une autre époque de l’urbanisation. Les immenses périphéries des villes avaient vu les logements se construire vite et en séries. Nous ne construirions plus sur les grands champs de betteraves vides. Il nous resterait le plus souvent les terrains laissés-pour-compte, déjà encerclés.

Les modèles tout fait se juxtaposant ne conviendraient plus. Il faudrait s’insérer dans ces sites déjà bâtis, les transformer. Il y aurait partout des cas particuliers. Le spécifique, le contingent, deviendrait plus important que le générique. Chaque projet allait devenir un cas unique. 

La marche vers l’universel marquait un arrêt et je voyais une grande ironie dans ce retour du contingent contre cet universel. Il y avait dans cette soudaine attention au « cas par cas », une brusque inversion dans les principes, un pied de nez à la doctrine moderniste. L’autorité du programme devrait se plier à une intelligence des lieux, à une ruse qui à chaque fois en trouverait le meilleur usage. Il s’agirait de se réapproprier des territoires souvent en situation désastreuse. Il faudrait analyser l’existant, le territoire local. Il n’y avait plus une doctrine qui guidait la même architecture dans tous les pays.

Tout devint possible. Ce qui advint dans nos villes nouvelles fut l’architecture de tous les mélanges, la confusion de tous les styles, de tous les essais.

Avec une unité de pensée, nos aînés avaient traité les opérations publiques de logements par mille unités , mais l’ennui des séries répétitives, le manque de soin se voyait.

C’est à l’époque de ce tournant d’ailleurs que fut créé le Pritzker Prize, qui de fait reconnaissait l’importance d’une architecture d’auteurs quand doctrines et références uniques était en train de disparaître.

Je n’entrais réellement dans la vie d’architecte qu’après un troisième concours pour 200 logements quand trois lauréats de concours PAN furent appelés en compétition sur un terrain comme celui de la rue des Hautes Formes. C’était un site difficile où était prévues deux tours, accessible par un petit côté. Je n’avais pas l’expérience professionnelle requise pour construire 200 logements, mais je savais ce que je voulais. Je voulais articuler une architecture contemporaine avec la ville existante, y intervenir par une inscription qui la transforme mais ne la nie pas. Je cherchais la voie d’un urbanisme nouveau. La pratique de ce projet des Hautes Formes et de son « système » m’avait fait voir l’îlot comme la molécule de base d’une sorte de micro-urbanisme ».

Parlez-nous de votre rapport au Maroc et de votre expérience ici, vous qui construisez actuellement le Grand Théâtre de Casablanca
CDP : « Je suis né en 1944 à Casablanca, car mon père était officier. Mais je n’ai que de vagues souvenirs de cette période ; nous avons dû partir rapidement à la fin de la guerre, mon père participant au débarquement de Provence. Mais je trouve cela beau de voir les marocains heureux de rappeler que je suis né chez eux, à Casa. Il y a un attachement humain entre la France et le Maroc même si l’histoire coloniale ne peut pas être oubliée. En tout cas, j’étais particulièrement ému de remporter ce concours en 2009.

C’était en effet un défi de se confronter à une place historique telle que la place Mohammed V, un lieu aimé des Casaouis, crée il y a un siècle par le maréchal Lyautey et Henri Prost qui offrait à travers ses bâtiments publics, signés par les grands architectes du début du XXème siècle, une sorte d’arrêt sur image de l’histoire de la ville. Le concours demandait d’implanter le théâtre sur le quatrième côté d’un quadrilatère qui prolonge cette place entre deux longs bâtiments administratifs d’ordonnance classique. Ce lieu était devenu un parking.

Il fallait donc agrandir considérablement la place du palais de justice, qui aurait donc non plus 100 mètres mais 300 mètres de long.

Cette situation très classique et monumentale était un casse-tête pour tous les architectes lors du concours. Comment répondre de façon contemporaine à ces palais ? Poursuivre cette composition classique conçue il y a un siècle alors que nos références et nos visions ont tant évolué ? Certains pensaient qu’il fallait refuser de continuer cette place, pensant que pour être moderne il faut écarter tout ce qui vient du passé. Je pensais le contraire, je voulais jouer avec l’existant. Mais 300 mètres c’est long et grand. J’ai conçu le projet avec l’idée qu’il fallait tenir l’unité du lieu dans cette longue dimension, tenir la symétrie d’ensemble mais ne pas la poursuivre littéralement dans l’architecture.

J’ai peu à peu vu le Grand Théâtre comme une médina, comme une métaphore de médina : un ensemble de plusieurs pavillons dont j’ai accentué le pavillon central comme un pavillon porte. Elle serait mystérieusement ouverte, entrouverte. Elle recevra une scène pour des concerts sur la place. Et surtout elle soulignerait l’axe central de la place sans ostentation, répondant avec grandeur au lointain palais de justice. Ainsi la place est mise en valeur et perceptible dans sa grandeur.

Entre les pavillons et la grande porte on entre d’abord dans un haut passage aéré qui sinue entre des piles arquées de staff ocre rouge et traverse la médina, distribuant les lieux. Conçu pour être bordé de café buvettes, d’une librairie, ce passage est un refuge public contre le soleil ou la pluie sur ce bord de la place.

On accède de là aux foyers et à l’intérieur des deux salles de théâtre. J’ai traité la plus grande en une série de balcons autonomes, pour rapprocher au maximum le public de la scène, et cela donne une belle intimité pour les 1800 spectateurs. Je travaille toujours les formes, les dimensions et les matériaux avec Xu Ya Ying, notre acousticien. Nous avons fait des tests acoustiques très concluants de la salle de 500 places avec l’orchestre philharmonique du Maroc et son chef, Olivier Holt. Driss Moulay Rachid, le directeur de Casa Aménagement, maître d’ouvrage du théâtre, prévoit les tests de la grande salle bientôt. Il y a aussi les petites salles, accessibles directement d’une des rues latérales ; et puis avec les loges et les lieux de répétition il y a tout un village des artistes ».

Note : A ce concours international qui eut lieu en juillet 2009 participa Franck O. Gerhy, Zaha Hadid, Rem Koolhaas, Aziz Lazrak et Mecanoo. (Zaha Hadid suite à ce concours réalise le Théâtre de Rabat.)

Pensez-vous qu’une telle compétition est à même de révéler des talents ?
CDP : « Oui, mais je pense qu’il faut aussi se méfier des concours car ils ne peuvent être une simple compétition au titre de performance. En effet, il n’existe pas une seule bonne réponse à une problématique, un site, un programme. Il n’y a pas de vérité unique en architecture. Et, sur un même projet, à la différence d’une compétition sportive, plusieurs réponses peuvent se révéler être bonnes. Les projets primés ne sont pas toujours les meilleurs et de beaux projets peuvent être mis à l’écart ».

[1] Le PAN, Programme Architecture Nouvelle, fut lancé en France par le ministère de l’Équipement en 1971 pour renouveler l’architecture du logement social. Devenu EUROPAN en 1988, le programme réfléchit à l’échelle européenne aux questions des villes en mutation pour stimuler de nouvelles stratégies urbaines et architecturales.
Il était contemporain de la « politique des modèles » initiée par le ministre de l’Équipement et du Logement, Alain Chalandon. Le modèle est un projet de construction à prix connu, établi par une équipe composée d’entrepreneurs, de bureaux d’études et d’architectes et pouvant être utilisé sur des lieux différents.

Propos recueillis par La Rédaction


Pour plus d’informations sur les Young Moroccan Architecture Awards, rendez-vous sur : www.ymaa.ma

Mounia Radouane, architecte

Mounia Radouane signera la conception du trophée des YMAA

Mounia Radouane signera la conception du trophée des YMAA 2560 2038 YMAA

Mounia Radouane, jeune architecte émérite, est sur le point de marquer son empreinte en signant la conception du trophée des Young Moroccan Architecture Awards. À la fois architecte et designer, Mounia se distingue par son approche novatrice et sa passion pour l’esthétique contemporaine, mêlant fonctionnalité et créativité dans chacune de ses œuvres.


En tant que jeune architecte, que vous suggèrent les YMAA ?


Mounia Radouane : L’audace, la création et la qualité architecturale qu’offrent les jeunes architectes marocains.
Ce sont des valeurs auxquelles je crois profondément et auxquelles on ne peut qu’adhérer et défendre. C’est important que les architectes puissent au travers de ses prix reconnaître ce qui fait la puissance d’un projet, qu’il soit à une grande ou à une petite échelle. La finalité étant la retransmission au grand public.

Vous avez été choisie pour faire concevoir le trophée des YMAA dont le cahier des charges stipule qu’ils doivent être en béton. Ce matériau vous parle-t-il ?


M.R : Je m’intéresse à toutes sortes de matériaux, mais ce qui me fascine dans le béton, c’est le processus de sa naissance à sa transformation. Tout se joue lorsqu’on coule dans une banche le sable, le béton et le ciment. On voit alors apparaître aussitôt un tableau des plus intenses, dans lequel on aimerait s’immerger. C’est à la fois poétique et surréaliste de penser un objet à partir d’un matériau liquide qui se stratifie. 

Il y a quelques années, j’ai conçu ma première collection de luminaires en béton dans mon studio à Paris. M’intéressant depuis toujours à toutes sortes de matériaux, c’est le béton qui m’a séduit par ce qu’il a pu m’apporter en liberté créatrice, m’ouvrir à l’infini. Il est juste de dire que le béton est un matériau noble au même titre que le bois brut et l’acier. 

Quelle sera votre source d’inspiration, puisque votre travail va impacter durablement la scène architecturale ?


M.R : Tout d’abord, je tire mon inspiration de ce qui m’entoure : les gens, l’évolution de la société, la musique, la beauté d’un édifice. En architecture, la notion de proportion s’est vue étudiée de différentes façons, et ce, depuis l’Antiquité. Ce qui m’a mené au nombre d’or. Cette proportion serait à l’origine de toute œuvre d’art. C’est en effet grâce à ce système rationnel de proportions, qui régit toutes les règles de construction, que j’ai pu concevoir le trophée monolithe. Après avoir expérimenté plusieurs formes et plusieurs hauteurs, l’idée d’une forme simple m’est paru évidente, en suivant les proportions du nombre d’or des Égyptiens. C’est une leçon fantastique. 

On trouve cette proportion dans l’ordinaire de la vie. La nature se compose à partir de cette même forme mathématique qui représenterait la « proportion divine » ; c’est-à-dire la proportion idéale, équilibrée et agréable pour l’œil humain. 

En tant qu’architecte designer allez-vous participer aux YMAA ?


M.R : Je suis très honorée de faire découvrir cette année au grand public ma nouvelle création. Selon moi, la rencontre d’un architecte ou d’un designer avec d’autres personnes du même milieu, ainsi que le partage qui en découle permet, en quelque sorte, le tissage d’une toile commune, d’une œuvre collective. Les personnes que j’ai pu rencontrer ont accru mon sens éthique et renforcées ma passion pour l’architecture et le design. Deux éléments que l’on espère durable, et puissent-ils ne jamais rompre avec l’esprit de finesse.

Propos recueillis par La Rédaction


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Heureux, les joyaux architecturaux !

Heureux, les joyaux architecturaux ! 1080 1080 YMAA
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